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Qui sont les femmes au pouvoir en 2023 ?

jeu d'échec, symbolisant la vie des femmes en politique

À l’Assemblée nationale, au Sénat ou encore au Parlement européen, les femmes politiques françaises se démarquent en 2023, en occupant des postes stratégiques. Féministes, engagées et influentes, elles ont toutes pour conviction de défendre leur territoire et de faire avancer leurs combats. Voici 11 femmes politiques qui marqueront 2023.

Élisabeth Borne : l’insubmersible à Matignon

Depuis sa nomination en mai 2022, Élisabeth Borne est chargée de tous les dossiers brûlants du quinquennat Macron. Après l’ouverture à la concurrence de la SNCF puis la réforme de l’assurance chômage, la Première ministre est projetée au premier plan de la réforme des retraites qu’elle fait passer en force avec le 49.3. Autoritaire et arrogante, selon ses détracteurs, elle est présente sur tous les fronts pour faire voter la loi, quitte à s’attirer la foudre des syndicats et de la rue. Fragilisée jusque dans son propre camp, l’ancienne préfète parvient pourtant à conserver la confiance d’Emmanuel Macron, officiellement en tout cas. En coulisses, quelques noms ont circulé pour la remplacer à Matignon. Pourtant, la cheffe du gouvernement est sur le point de battre le record symbolique conservé jusqu’à présent par Édith Cresson, seule autre femme élue Première ministre, qui avait tenu 11 mois au pouvoir en 1992. Alors qu’elle doit apaiser le pays et regagner la confiance de ses troupes, Élisabeth Borne a d’ores et déjà présenté la nouvelle feuille de route de son gouvernement. Son projet est axé sur le retour au plein emploi, la réindustrialisation de la France, l’accélération de la transition écologique et la refonte des services publics. 

Yaël Braun-Pivet : la patronne du Palais Bourbon

Depuis juin 2022, Yaël Braun-Pivet tient le cap et mène les débats à l’Assemblée nationale avec ferveur, malgré la dégradation des échanges et les comportements de certains députés qu’elle juge inappropriés. En dehors de l’hémicycle, la présidente de l’Assemblée nationale révèle aussi qu’elle a été l’objet de menaces antisémites et sexistes, à la suite de l’adoption du texte sur les retraites. Première femme présidente au Palais Bourbon, Yaël Braun-Pivet fait partie des macronistes de la première heure, engagée auprès d’Emmanuel Macron dès 2016. L’ancienne avocate pénaliste, devenue députée des Yvelines en 2017, défend une vision du travail transpartisane et encourage l’usage du référendum en France. La macroniste est aussi ex-présidente de la commission des lois à l’Assemblée (2017-2022). Mère de 5 enfants, passée par une expatriation en Asie et au Portugal, elle est aussi l’auteure d’une proposition de loi visant à renforcer le suivi des terroristes sortant de prison. En 2023, Yaël Braun-Pivet espère faire évoluer les institutions afin qu’elles s’adaptent à notre siècle. Reste à savoir si la nouvelle figure du groupe Renaissance sera impliquée dans la future course à l’Elysée.

Mathilde Panot : l’insoumise à l’Assemblée

Figure de proue de La France Insoumise, Mathilde Panot est de tous les débats depuis qu’elle a succédé à Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale, en 2021. L’ancienne coordonnatrice de projets associatifs de l’Essonne devient alors la plus jeune présidente d’un groupe parlementaire, élue à l’unanimité. Son franc-parler lui vaut rapidement d’être qualifiée de « poissonnière » par le député Pierre Henriet, ce qui n’empêchera pas sa réélection en 2022 au poste de député dans la 10e circonscription du Val-de-Marne. En 2023, elle crée la polémique, après avoir annoncé en direct dans les médias, la mort par erreur d’un manifestant à Sainte-Soline. Une bévue qui n’arrêtera pas la cheffe des députés LFI, qui maintient la pression sur le gouvernement. Sa force, elle la doit à son expérience du terrain dont elle s’est servie notamment pour créer la caravane des droits. Titulaire d’un master en relations internationales à l’Institut d’études politiques de Paris, Mathilde Panot est aussi membre de la commission des affaires étrangères, et de la commission durable et de l’aménagement du territoire. Féministe engagée en faveur de l’inscription de l’IVG dans la Constitution, elle est aussi l’auteure d’une proposition de loi visant à mieux reconnaitre le travail des femmes et sa pénibilité. Souvent accusée d’attiser la révolte populaire, Mathilde Panot n’en a cure et continue à épingler les multinationales qui font des profits. La nouvelle cheffe de file de l’opposition, qui participe à la restructuration de son parti, devrait encore faire parler d’elle en 2023.

Mélanie Vogel : la sénatrice écolo

Sénatrice d’Europe Ecologie les Verts depuis 2021, Mélanie Vogel se revendique : « féministe, queer et antiraciste ». Le ton est donné pour cette militante issue des quartiers populaires de Marseille. Diplômée de Sciences Po Paris, son arrivée détonne au Palais du Luxembourg, plutôt habitué aux costumes cravates. Élue sénatrice à 36 ans seulement, l’ancienne eurodéputée représente les Français de l’étranger. La compagne de l’eurodéputé allemande, Terry Reintke, se présente avant tout comme une militante féministe et engagée en faveur du droit des personnes, notamment LGBTQIA. Mélanie Vogel est l’auteure d’une proposition de loi visant à inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution et cosignée par 120 sénateurs de six groupes politiques différents (socialistes, communistes, écologistes, RDSE et RDPI). En 2023, elle a aussi travaillé sur l’aide universelle d’urgence pour les victimes de violences conjugales. Au Sénat, Mélanie Vogel est membre de la commission permanente des affaires sociales et du groupe écologiste, solidarité et territoires, mais elle ne cache pas son ambition d’intégrer la commission des lois. Elle est aussi l’auteure d’un rapport d’information sur la sécurité sociale écologique du 21e siècle. En 2023, elle se positionne contre l’importation de produits issus du travail forcé de la communauté ouïghours et pour une transition du modèle agricole afin de limiter sa consommation en eau.

Valérie Hayer : l’Européenne influente

Valérie Hayer s’illustre depuis 2019 dans sa fonction de députée européenne, où elle siège au sein du groupe de la majorité présidentielle, Renew Europe. À Bruxelles, elle co-préside également la délégation L’Europe ensemble. Conseillère municipale dans sa ville natale de Mayenne à seulement 21 ans, Valérie Hayer devient vice-présidente du Conseil départemental quelques années plus tard. Collaboratrice parlementaire au Sénat en parallèle, l’ancienne juriste spécialiste des finances locales obtient son premier mandat au Parlement européen en 2019. Dès son arrivée à Bruxelles, elle se voit octroyer des responsabilités importantes en siégeant à la Commission des Budgets, où elle est chargée de négocier le plan de relance européen, à la suite de la crise de la COVID-19. Ces responsabilités, elle le reconnait, ne lui auraient jamais été attribuées au Sénat ou à l’Assemblée nationale. En 2023, c’est elle qui soutient la position du Parlement européen face à l’Inflation Reduction Act. Dix ans après le Rana Plaza, elle propose aussi que l’Europe installe un mécanisme de taxe équitable aux frontières qui ciblerait les multinationales dont les standards de rémunération ne respectent pas la dignité économique des travailleurs. Européenne convaincue, cette fille d’agriculteurs soutient une vision de l’Europe démocratique, verte et souveraine. « L’Europe doit se donner les moyens de son indépendance », assure-t-elle, et pas uniquement en ce qui concerne l’industrie verte. En effet, les 27 doivent rapidement investir dans la transition digitale, climatique, ainsi que dans leur capacité spatiale, la défense et la santé. Elle plaide également pour la création d’une haute autorité pour la transparence dans la vie européenne comme c’est le cas en France.

Écouter l’interview de Valérie Hayer dans le podcast Les Mariannes.

Aurore Bergé : première présidente du groupe Renaissance

Présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé est aussi membre de la Commission des Affaires culturelles et de l’Éducation. Première femme à présider un groupe majoritaire à l’Assemblée nationale, la députée des Yvelines (depuis 2002) est régulièrement projetée sur le devant de la scène où elle défend la politique d’Emmanuel Macron. Rapporteure générale du projet de loi sur l’audiovisuel et favorable aux questions de transition écologique, l’ancienne cadre parisienne s’engage pour le droit des femmes. C’est elle qui, en réaction à la décision de la Cour Suprême aux États-Unis, est à l’origine de la proposition de loi visant à inscrire l’IVG dans la Constitution. Après l’affaire Adrien Quatennens, c’est elle aussi qui porte le texte visant à assortir d’une peine d’inéligibilité automatique toute condamnation pour violences conjugales. Le texte jugé opportuniste sera finalement rejeté par l’opposition. Depuis, Aurore Bergé affiche un soutien sans faille au chef de l’État face à la réforme des retraites qui doit entrer en vigueur au 1er septembre 2023.

Sophie Binet : première femme élue à la tête de la CGT

Élue à l’issue du 53e congrès de la CGT, Sophie Binet fait partie des femmes incontournables de 2023. À 41 ans seulement, elle devient la première femme et première cadre à prendre les rênes du syndicat, depuis sa création en 1895. Un symbole fort pour la CGT en proie à la division, depuis le vote de défiance à l’encontre de Philippe Martinez, son prédécesseur. Pourtant, Sophie Binet est loin d’être une inconnue. Ancienne conseillère principale d’éducation à Marseille, elle a déjà exercé trois mandatures à la Commission exécutive confédérale, la direction élargie de la CGT. Elle y occupait un poste de référente sur la question de l’égalité hommes-femmes. Depuis 2011, elle fait partie de l’Union Générale des Ingénieurs, Cadres et Techniciens, dont elle prend la tête en 2018. Militante de la première heure, Sophie Binet manifestait déjà en 2006 aux côtés de l’UNEF lors du CPE, avant d’adhérer au Parti socialiste, où elle soutient Martine Aubry. Elle compte aujourd’hui réitérer son engagement à la tête de la CGT en faisant retirer la réforme des retraites. C’est d’ailleurs le poing levé qu’elle a posé sur le perron de Matignon, en avril 2023, lors de sa première réunion avec le gouvernement Borne. Féministe engagée et écolo affirmée, Sophie Binet souffle un air de renouveau au sein de la CGT. Malgré un calendrier chargé, elle annonce déjà vouloir entamer une nouvelle campagne de syndicalisation des cadres. Dès le mois de juin, elle officiera aux côtés d’une nouvelle homologue féminine, puisque Marylise Léon devrait prendre la tête de la CFDT.

Isabelle Rome : la ministre qui va relancer la réforme contre la prostitution

Ministre déléguée auprès d’Élisabeth Borne, Isabelle Rome est chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes, de la diversité et de l’égalité des chances depuis 2018. Nommée juge d’application des peines à Lyon à l’âge de 23 ans, puis juge d’instruction, elle est aussi investie auprès des réfugiés, des demandeurs d’asile et des personnes en détention. Engagée contre les violences faites aux femmes, elle se bat pour améliorer les dépôts de plainte, dont 80 % seraient classées sans suite. En France, 10 % seulement des femmes victimes de violences conjugales oseraient déposer plainte. En mars 2023, Isabelle Rome a présenté son pack de nouveau départ destiné aux victimes, afin de les rendre plus autonomes et indépendantes face à un conjoint violent.

À partir de septembre, l’ancienne magistrate sera aussi chargée du plan de lutte national contre la prostitution, qui doit renforcer la loi de 2016. Isabelle Rome espère ainsi poursuivre la politique abolitionniste de la France en la matière, en renforçant les parcours de sortie de la prostitution (PSP) et en maintenant la répression auprès des clients, notamment à travers des stages de responsabilisation. À quelques mois des JO de Paris, la ministre souhaite également mener une campagne de sensibilisation contre la prostitution.

Anne Hidalgo : la maire de Paris au cœur des JO

Après avoir affiché son soutien au mouvement social contre la réforme des retraites, Anne Hidalgo promet un Paris métamorphosé à l’approche des JO, qui se tiendront dès le 26 juillet 2024. Pour la première fois, la cérémonie d’ouverture se tiendra non pas dans un stade, mais sur la Seine, entourée de centaine de milliers de spectateurs. Le défi est de taille pour Paris, qui comme le reste du pays est en proie à un climat social particulièrement tendu. La France va pourtant devoir redorer son blason en matière de sécurité, surtout après les incidents survenus au Stade de France en 2022, en marge de la finale de la Ligue des Champions. Le contexte géopolitique pèse lui aussi sur ces futurs JO avec la guerre en Ukraine. Anne Hidalgo s’est d’ailleurs déjà prononcée contre la venue des athlètes russes dans la compétition, ce qui va à l’encontre de la feuille de route du CIO. Malgré une forte baisse de popularité, la maire socialiste assure que Paris sera prêt pour accueillir l’évènement. Pour cela, elle entreprend de transformer le nord de la capitale, notamment Porte de la Chapelle, où sera situé l’Arena Olympique, en créant davantage de pistes cyclables et grâce à la végétalisation de certains lieux. Parmi les autres projets en cours, Anne Hidalgo prévoit d’assainir la Seine afin d’y permettre la baignade dès 2025.

Catherine Colonna : de diplomate à ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères

Loin d’être une inconnue en politique, Catherine Colonna a fait de la diplomatie son étendard depuis 1983. Depuis son arrivée au Quai d’Orsay en mai 2022, l’ancienne énarque affronte un monde fracturé. D’abord avec la guerre en Ukraine qui s’enlise, mais aussi les conséquences qui en découlent. L’ancienne ministre de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin pèse chacun de ses mots et appelle à un retour à la paix et à la sécurité internationale. Lors du G20 à New Delhi, elle a notamment sommé les États membres à prendre leurs responsabilités face aux pays les plus vulnérables impactés par le conflit. La ministre des Affaires étrangères plaide pour la poursuite de la décarbonation des économies des pays du G20. En juin 2023, elle participera à Paris au sommet pour un nouveau pacte financier mondial.

Christine Lagarde : l’une des femmes les plus puissantes au monde

Difficile d’évoquer les personnalités féminines de 2023 sans citer Christine Lagarde. La présidente de la Banque Centrale européenne, auparavant à la tête du FMI, collectionne les postes à responsabilité. En cette période de crise, c’est à elle qu’incombe la lourde tâche de stabiliser la zone euro et de réduire l’inflation. Depuis 2008, l’ancienne avocate de chez Baker & McKenzie est en première ligne face aux différentes crises économiques. À l’époque ministre de l’Économie, elle était déjà chargée de la gestion de la crise bancaire. Puis, en 2011, nommée par Nicolas Sarkozy, elle devient directrice générale du FMI. Une première pour une femme. En pleine instabilité du système monétaire mondiale, elle y effectuera deux mandats. Depuis 2019, Christine Lagarde tente tant bien que mal de stabiliser la zone euro face à la COVID-19 et aux crises successives (énergétique et de la dette). Malgré une croissance faible, elle espère ramener l’inflation à 2 % dans les prochains mois. Néanmoins, elle a d’ores et déjà annoncé que les prochaines années resteraient instables. Considérée comme l’une des femmes les plus puissantes au monde, Christine Lagarde est réputée pour ne pas abandonner en cours de route, en tout cas certainement pas avant la fin de son mandat prévu en 2027.

Même si le chemin reste encore long jusqu’à la parité, les femmes politiques occupent le terrain en 2023. Ces citoyennes engagées luttent au quotidien pour faire entendre leur voix . Retrouvez d’autres portraits de femmes politiques et d’activistes inspirantes sur le podcast Les Mariannes.

Laure Rossignol

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